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La rééducation de l’écriture de l’enfant Pratique de la graphothérapie
À l’époque de l’ordinateur, est-il encore nécessaire de savoir écrire à la main ?C’est une question qui se posera peut-être dans 50 ans, mais qui n’est pas encoreà l’ordre du jour. Loin d’être relégué aux oubliettes, le stylo semble trouver unregain de jeunesse ; il ne s’est jamais aussi bien vendu que ces dernières années,il n’a jamais été aussi luxueux et performant, et son industrie progresse de pairavec celle de la calligraphie, que ce soit sous forme de manuels, de plumes oude calames... Par l’écriture manuelle, celui qui écrit projette inconsciemment sapersonnalité dans son graphisme, comme le fait le peintre dans sa peinture oule compositeur dans son œuvre musicale.Pendant des décennies, la « belle écriture » fut un critère de qualité, témoin del’ascension intellectuelle et sociale de la nation. Brutalement, elle devint la« science des ânes », laissant la vedette aux mathématiques et à l’expressionorale. Peu importait que l’enfant écrive mal, pourvu qu’il sache calculer ets’exprimer. Nul ne s’inquiéta de la dégradation concomitante de l’orthographeet de la compréhension du texte.Non, l’écriture n’est pas la science des ânes. Parce qu’en apprenant à maîtriserson geste, l’enfant passe de la forme à la lettre, du symbole au mot, il organiseavec logique l’enchaînement des lettres pour donner naissance à l’idée. Ilapprend à analyser, à structurer sa pensée, à classer ses idées, à hiérarchiser sesvaleurs, à se conformer à la règle, à gérer ses émotions, à communiquer claire-ment, à s’installer dans son environnement scolaire et familial dans l’aisance etle confort.Beaucoup d’enfants n’atteignent jamais ce qu’on appelle « le stadecalligraphique », grâce auquel l’écriture, maîtrisée dans sa forme, peut se laisseraller à un mouvement personnel et acquérir un rythme qui n’appartient qu’àlui. C’est ce rythme qui donne l’aisance et le plaisir d’écrire. Il est un gage d’adap-tabilité et de bien-être dans un monde souvent difficile à vivre.Les enfants qui tentent de personnaliser leur écriture avant d’avoir parfaitementintégré le modèle et maîtrisé la forme se trouvent dans la situation d’un pianistequi voudrait jouer du Chopin avant de savoir monter ses gammes. On appelle« dysgraphiques » ces enfants qui souffrent de déficience de l’écriture sansprésenter de trouble neurologique apparent. Le trait est sale, trop appuyé, outremblé, la forme est cabossée, mal structurée, le mouvement n’est pas contrôlé,il est spasmodique, saccadé, la vitesse est insuffisante, les lettres se télescopent et s’enchevêtrent, les mots sont mal cernés par mauvaise gestion des espaces ;l’enfant ne peut ni se relire, ni voir ses fautes. Ses devoirs sont sales, illisibles, etindisposent les professeurs, les notes s’en ressentent.Il est curieux de constater qu’un enfant qui lit mal est rapidement confié àl’orthophoniste, mais que peu de gens s’inquiètent de la déficience de l’écriture.La graphothérapie est à la dysgraphie ce que l’orthophonie est à la dyslexie.Pratiquer la graphothérapie, c’est traiter les dysgraphies, quelles que soient leursformes. Ce terme ne doit pas faire peur, pas plus que ne le fait celui de kinési-thérapie. On préfère parfois l’expression « rééducation de l’écriture », moinsambiguë, mais qui ne donne pas toute la dimension de la thérapie. Car s’agit-ilde traitement du graphisme, ou de traitement par le graphisme ? Sans doute unpeu des deux, car cette rééducation entraîne une prise de conscience du sujetqui écrit, et une modification de son comportement.Notre expérience de graphothérapeute montre bien que dès que l’écritures’améliore, le comportement de l’enfant change : son problème est dédramatisé ;

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Dans une population scolaire normale, environ 10 % des enfants sont dysgraphiques ; dans les milieux plus défavorisés, les chiffres sont beaucoup plus impressionnants.